Rinaldi le corrosif, le tendre et le désenchanté…
Angelo Rinaldi et ses Chroniques littéraires, reprises dans un formidable découpage dans *Les roses et les épines* aux Editions Des Instants.
Angelo Rinaldi est romancier et critique littéraire, il a cette forme d’écriture luxuriante, poétique, âpre et toujours comme à chaque livre, il aime nous faire « lire/voir » les secrets de famille, les destins en coulisses, la « génétique » de l’auteur, avec ce qu’il considère parfois comme les tares, comme la facilité, les zones de confort…
D’autres fois, il est follement épris et de l’histoire et de l’écriture. Et il nous fait pénétrer un Éden caché, des personnages magnifiques et bouleversants.
Il ne sait pas écrire sans exagération qu’elle soit cinglante ou au contraire élogieuse.
Et puis, une fois le phrasé devenu marque de fabrique, il est difficile de changer… on perd des lecteurs, « des followers »
dirions-nous aujourd’hui.
Et nous retrouvons toujours ce même sourire , cette même hâte quand on voit le nom d’Angelo Rinaldi. Nous savons que ce sera jubilatoire… nous savons que nous allons nous émouvoir, détester, le trouver totalement injuste et puis sourire à nouveau. Il a touché en nous quelque chose d’enfoui qui s’émeut encore…
Et c’est seulement en lisant *Les roses et les épines*, aux Éditions des instants que j’ai découvert combien Angelo Rinaldi est plus tendre envers les femmes.
Était-ce une forme de tendresse ou d’admiration de les voir sur les terrains où certains se pensaient conquistadors ?
Bien sûr, Duras c’est « la Castafiore » et d’autres rares qu’il a fortement éraflées.
Bien sûr Colette, Yourcenar et d’autres qu’il a « follement aimées ».
Mais dans l’ensemble, il les a épargnées. Surtout les contemporaines.
Ainsi Angot, Darrieussecq et d’autres qu’il aurait pu tenter de mettre au tapis. Certes, elles auraient répondu. Fortement ! Mais je crois qu’il avait en lui une forme de tendresse. Non pas de les préserver, mais ne pas en rajouter…
Son côté Corse ? Son côté Rinaldi le Magnifique ? Lui qui, sans tendresse, fait descendre Fitzgerald de la nuit…?
Dans *Les roses et les épines*, ce formidable effeuillage entre « un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et pas du tout », nous fait aller droit au but… et puis toute la beauté de la page de couverture…
Chacune, chacun ira chercher un nom, une critique, une interview…et gardera quelque chose…
Pour ma part, je garderai « beaucoup ».
Je garderai Tchekov*… pour Tchekov, pour la Cerisaie, pour :
– La musique intime et poignante du quotidien. Le ciel dans l’encadrement d’une fenêtre de la Cerisaie.
Angelo Renaldi, *Les roses et les épines* (Chroniques littéraires), Editions des Instants
*A propos de Tchekov, par Henri Troyat, Flammarion (1984)