Interviews

L’escale de Jeanne avec Florence Crinquand.

« …L’estampe monotype c’est un tirage unique, irrépétable, ce qui donne à l’œuvre une qualité précieuse, presque vivante…” 

Et une jeune femme entre en mouvement. Elle prend le risque de « l’accident ». Elle sait que ce sera un jet unique. Irréparable…irréparable… merveilleux

Et c’est un effeuillé de gestes, de couleurs, de passion, de solitude, de présence au monde

Cette jeune femme, c’est Florence Crinquand.

Florence et l’estampe monotype. La gestuelle, sa façon de s’absenter à tout quand elle travaille. 

Florence Crinquand et l’atelier… *Les doigts dans la presse*

Et l’on apprend le papier Japon, le gris de peine, les couleurs…

Calme, frondeuse, souriante, tranquille, passionnée, une jeune femme talentueuse déplie un froissé de papier noble, de frémissements, de créativité…

Une Escale hors zone, entre absence et présence née une œuvre

L’escale de Jeanne avec Florence Crinquand.

Florence est la fille de Christine Lorent et la belle fille de Pierre Perrin

On retrouvera une de ses estampes en couverture du livre en cours de Pierre 

Merci infiniment au Café Restaurant Les Éditeurs pour le formidable accueil 

Interviews

L’escale de Jeanne avec Stéphanie Cals

« Trois petites notes de musique ont plié boutique au creux du souvenir

C’en est fini de leur tapage, elles tournent la page  et vont  s’endormir »

Et elle a tourné la page Stéphanie Cals. La page d’avant, celle du temps où elle était avocate…

Une jeune femme avec un regard à hauteur d’espoir semble à la fois traverser une zone blanche, mais aussi tournoyer heureuse…

Elle déroule les carnets nomades de celles qui une fois parties, ne cessent jamais de partir.

Trop longtemps assignée au silence d’une vie « rangée », elle se dénonce elle-même dans ses mots, ses photos, cet idéal parfois impossible mais qu’elle aime à imaginer.

Elle se taillade des petites coupures dans le cœur à chaque fois de trop où le soir tombe vite.

Et puis, elle se réenchante. Un projet, une promesse, un clair de lune…

Elle est même partie faire le tour du monde . À la recherche de quoi… d’elle-même peut-être. 

Aujourd’hui, elle écrit, prend des photos et avant tout, elle vibre sur scène… Comédienne,  car c’est également son métier. 

C’est peut-être  le seul métier qui lui permet d’être plusieurs. 

Elle a besoin de cette pluralité…

Elle a également une Société de « Coaching » et accompagne en formatrice et conférencière des personnes qui ont besoin de se sentir plus adaptés à un métier, une situation, autre… 

Habitée d’urgence Stéphanie Cals? Probablement. Des terres lointaines l’habitent encore ? Certainement.

Mais… parait-il,  quand elle cuisine Stéphanie, elle met de la musique et elle chante…

Et elle devient invincible la fille de la vidéo …

Merci au Café Restaurant Les Éditeurs de nous avoir accueillis formidablement comme toujours

Blog-Notes de Alain Hoareau

*L’oiseau de feu*, l’incendie salutaire

*L’oiseau de feu* de Stravinsky, l’exemple même de l’orchestration qui met à part égale l’ensemble et l’individuel qui constitue l’ensemble. 

La magnificence et la force de la communion sonore, la présence de la voix individuelle, irremplaçable dans son unicité. 

L’oiseau de feu , le multicolore et la clarté, l’un et le tout. 

Tels sont les mots immédiats qui me sont venus à la réécoute hier soir de ce concert donné au Louvre par l’orchestre de Paris sous la direction de Pierre Boulez. 

Et voici comment Pierre Boulez évoquait l’orchestration de *L’oiseau de feu* : 

« La maîtrise orchestrale s’y affirme avec une vigueur et une verdeur que je ne puis comparer qu’à celles de la Symphonie Fantastique de Berlioz (bien que je sache que Stravinsky n’aimait pas spécialement Berlioz… ). Je dirais volontiers que la modernité de l’orchestration du XIXe siècle s’est révélée dans la Symphonie Fantastique, de même qu’elle s’est révélée dans l‘Oiseau de Feu. Une virtuosité innée s’y manifeste, commune aux deux compositeurs, et révélatrice de leur génie poétique. »

Une musique fascinante et terriblement inquiétante, légende source mais d’une modernité permanente : il semblerait que nous n’en finissions jamais de combattre pour la liberté. Résonance terriblement actuelle…

Et le chef Boulez de déclarer également : 

« Je vois en effet, dans l’Oiseau de Feu une espèce d’avidité à se saisir de la musique déjà existante pour la transmuter en un objet agressivement personnel.[…] Nous sommes donc parfaitement en mesure d’apprécier la vivacité avec laquelle le ferment d’une pensée créatrice a entrepris son travail initial. »

Quant à la direction de Pierre Boulez : la précision et la clarté qui nous fait croire que nous sommes capables de saisir le sens et la structure de l’œuvre comme si nous étions à sa place.  

Nous prenons ce plaisir, nous le goûtons et puis nous redescendons sur terre très humblement mais peut-être un peu meilleur. 

Nous avons tenu un instant la plume magique de l’oiseau qui nous a donné la liberté de comprendre. 

Interviews

L’escale de Jeanne avec Martine Rouhart

«Sur l’eau tranquille de la transparence…patientent les orages / tant d’ardeur inavouée / et l’on entend battre / les pas lointains / de nos émeutes intérieures… »

Martine Rouhart raconte en poèmes, les petits naufrages du quotidien et les rais de lumière nécessaires pour repartir, pour être présent au monde… comme une ode à cette vie belle…

Elle a des phrases courtes, comme des éclats. 

C’est une Escale délicate, feutrée, profonde :

– Laisse les phrases / reprendre haleine / osciller dans leur incertitude / entre douceur / et inquiétude…

Chroniques

*Les roses et les épines*

Rinaldi le corrosif, le tendre et le désenchanté…

Angelo Rinaldi et ses Chroniques littéraires, reprises dans un formidable découpage dans *Les roses et les épines* aux Editions Des Instants.

Angelo Rinaldi est romancier et critique littéraire, il a cette forme d’écriture luxuriante, poétique, âpre et toujours comme à chaque livre, il aime nous faire « lire/voir » les secrets de famille, les destins en coulisses, la « génétique » de l’auteur, avec ce qu’il considère parfois comme les tares, comme la facilité, les zones de confort…

D’autres fois, il est follement épris et de l’histoire et de l’écriture. Et il nous fait pénétrer un Éden caché, des personnages magnifiques et bouleversants.

Il ne sait pas écrire sans exagération qu’elle soit cinglante ou au contraire élogieuse.

Et puis, une fois le phrasé devenu marque de fabrique, il est difficile de changer… on perd des lecteurs, « des followers » 

dirions-nous aujourd’hui. 

Et nous retrouvons toujours ce même sourire , cette même hâte  quand on voit  le nom d’Angelo Rinaldi. Nous savons que ce sera jubilatoire… nous savons que nous allons nous émouvoir, détester, le trouver totalement injuste et puis sourire à nouveau. Il a touché en nous quelque chose d’enfoui qui s’émeut encore…

Et c’est seulement en lisant *Les roses et les épines*, aux Éditions  des instants que j’ai découvert combien Angelo Rinaldi est  plus tendre envers les femmes.

Était-ce une forme de tendresse ou d’admiration de les voir sur les terrains où certains se pensaient conquistadors ?

Bien sûr, Duras c’est « la Castafiore » et d’autres rares qu’il a fortement éraflées.

Bien sûr Colette, Yourcenar et d’autres qu’il a « follement aimées ». 

Mais dans l’ensemble, il les a épargnées. Surtout les contemporaines.

Ainsi Angot, Darrieussecq et d’autres qu’il aurait pu tenter de mettre au tapis. Certes, elles auraient répondu. Fortement ! Mais je crois qu’il avait en lui une forme de tendresse. Non pas de les préserver, mais ne pas en rajouter…

Son côté Corse ? Son côté Rinaldi le Magnifique ? Lui qui, sans tendresse, fait descendre Fitzgerald de la nuit…?

Dans  *Les roses et les épines*, ce formidable effeuillage entre « un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et pas du tout », nous fait aller  droit au but… et puis toute la beauté de la page de couverture… 

Chacune, chacun ira chercher un nom, une critique, une interview…et gardera quelque chose…

Pour ma part, je garderai « beaucoup ».

Je garderai Tchekov*… pour Tchekov, pour la Cerisaie, pour :

 – La musique intime et poignante du quotidien. Le ciel dans l’encadrement d’une fenêtre de la Cerisaie. 

Angelo Renaldi, *Les roses et les épines* (Chroniques littéraires), Editions des Instants

*A propos de Tchekov, par Henri Troyat, Flammarion (1984)

Chroniques

*Une écharde dans la chair*

Chair à vif …

« Il y a des blessures qui nous forcent à descendre en nous-mêmes. Des blessures qui déchirent la chair, mais qui ouvrent le cœur. »

*Une écharde dans la chair*, de Réginald Gaillard, c’est l’histoire d’une vulnérabilité. D’un aveu de vulnérabilité. De vertige. D’une forme de folie. Charnelle l’histoire… terrible l’apnée, Sacrée et pleine de grâce  la remontée… 

Une femme est venue. Une femme s’en est allée. 

Et toute la souffrance de celui qui reste éclate. Elle tonne cette souffrance. Elle tonne la chair en manque. Elle tonne la descente aux enfers, elle tonne  la faim de l’autre :

– La nuit remue / elle me triture les tripes / elle me ramène à cette privation, toi que… 

Et toute la lenteur d’un temps vide, sans pitié :

– Tout résonne de toi, tout autour / sauf moi, instrument aphone / qui ne joue ni ne chante plus.

Et l’écharde continue de faire mal malgré les suppliques… et bien sûr on entend au loin l’apôtre Paul : « … Il m’a été mis une écharde dans la chair… ». 

Et Réginald Gaillard  continue son récit comme un séisme et ses répliques. Et vient enfin le moment où il consent…Où il accepte de faire face à ce soi ! Et il le déplie  en un formidable chant :

– Cette écharde, invisible aux yeux du monde, est le lieu même de ma rencontre avec la grâce. 

Toute la beauté de l’écriture de Reginald Gaillard. C’est un poète ne l’oublions pas. 

Ce recueil est également une quête. Une quête de pardon peut-être. Et la voix au fur et à mesure se fait grave pour appeler Celui qui doit entendre. Le rythme habite le recueil en entier. Les mots s’accordent à chaque frisson, à chaque manque, à chaque aube et soudain les mots rencontrent d’autres mots… et c’est la grâce… l’état de grâce…le miracle de la foi. 

« Le regard imagine une terre espérée, elle pourrait être une phrase,

– ou, mieux, un vers, un seul vers qui tiendrait, en suspens, entre nos lèvres »

Réginald Gaillard, *Une écharde dans la chair*, Editions de Corlevour / revue la forge 

Magnifique Préface de Michael Edwards de l’Académie française

Interviews

« Chaque nuit nous embarque et nous débarque »

Et le jour succède à la nuit et Maela Paul, mon invitée de cette Escale de Jeanne à distance confie avoir traversé des déluges… Toujours avec pudeur et grâce. Les mots les plus denses sont « éclairés ». 

Le phare est en soi…

 Maëla est docteure en sciences de l’éducation. Ses travaux portent sur le concept d’accompagnement dans les domaines de la formation, de l’intervention sociale et de l’éducation. 

Elle a écrit plusieurs ouvrages….

La rupture, l’amour, la vie revenue tiennent grande place dans ses livres 

Et toute cette éducation « verticale » qui nous est donnée :

« Nous, les humains, nous avons tellement de peine à nous mettre en mouvement que nous avons inventé le vouloir et même le bon vouloir ! Cela concourt sans doute à nous offrir l’illusion de penser gouverner notre vie… »

Et il faut l’écouter chanter, émue, *La chanson de Prévert* (V. Serge Gainsbourg) 

Chroniques

*Le film du peuple*

« Au départ, j’avais envie de travailler autour de la banalité du mal, les petits crimes de tous les jours, la version euphémisée du mal. En littérature, il y a beaucoup d’affreux méchants avec du panache, mais la petite méchanceté quotidienne est moins travaillée »

« Le film du peuple de Christel Périssé-Nasr s’ouvre sur la fin du XIXe siècle. Fanette, qui officie comme bonne dans un château de campagne, se confronte à sa pénible condition de fille-mère,  d’une petite Cécile bientôt surnommée « la bâtarde ».

Le discrédit est tel qu’il hantera la famille sur cinq générations, jusqu’à fonder le mythe familial : celui d’une hypothétique ascendance aristocratique. 

Chaque maillon de la chaîne générationnelle va cultiver ce même désir de s’extraire de la gangue populaire et de gravir les marches de la réussite.

Un film, c’est d’abord ce que chacun se raconte – ou a besoin de se raconter. *Le Film du peuple*, c’est la somme de toutes ces histoires que les familles se transmettent de génération en génération, ces histoires dont elles savent taire savamment les secrets, les hontes et les reniements. 

C’est l’arbre généalogique du mérite et de la soif d’embourgeoise-ment, le spectacle immémorial, amer et acide du désir d’arriver, la description par le menu de ce que l’on désigne parfois par l’expression « transfuges de classe ». C’est une lecture implacable de la petite fabrique des déterminismes sociaux. »

Et quelle écriture pour raconter tout cela. Au scalpel…!

Christel Périssé-Nasr, *Le Film du peuple*, Les Editions du Sonneur

Ouvrage publié sous la direction de Marc Villemain

Conception graphique Sandrine Duvillier

En librairie le 13 mars prochain

Interviews

*Les noisettes vertes*

« On rêve sur un poème, comme on rêve sur un être » (Paul Eluard)

Une escale joyeuse, rieuse, tonique, romantique et puis… quelques fêlures mais toujours un « recours au poème » et aux poètes pour aller mieux, pour aller bien …

À la prière également…

Marie-Gabrielle Maistre est une passionnée… Elle enseigne la littérature, comme un « viatique ».

Et puis, il y a l’amour ! Trois personnages féminins : Amandine, Jeanne et Apolline « attendent leur histoire comme un voilier attend le vent »

Ce sera entre la Savoie et le Japon.

Ce sera dans *Les noisettes vertes* aux Éditions La Fontaine de Siloé

À chacun de nous ses paysages, ses estampes japonaises, ses fleurs de cerisiers et son grand blanc…

Rencontres Littéraires et Autres

*Les Filles de Birkenau* et David Teboul

« Nous avons une dette quand nous recevons le récit de l’autre… »

David Teboul raconte en direct *Les filles de Birkenau*

Il nous dit que nous avons une dette, quand nous recevons certains récits, comme ceux des *Filles de Birkenau*…

Il nous dit qu’entre ces dernières rescapées de Birkenau, tout au long et du tournage du documentaire et du récit sur papier, il lui fallait trouver sa juste place. 

Qu’elle  est la place  quand le récit s’enfonce dans le terrible de Birkenau ?

Au début de ce déjeuner au printemps, « Les filles de Birkenau » sont « normales » et puis tout doucement, elles fléchissent, elles sont entre elles… là-bas…

« Elles savent d’où elles parlent » nous dit David Teboul

Une rencontre grave, chez Anne Ghisoli et son équipe à la Librairie Gallimard Paris avec David Teboul et les *Les filles de Birkenau* (Éditions Les Arènes)

Grave, mais aussi comme une « tablée ».

Anne Ghisoli a conduit magistralement cette rencontre. Doucement, comme pour ne pas brusquer, elle a posé questions à David Teboul. 

Formidable David. Tout en force et délicatesse. 

Un passeur, mais aussi un cinéaste, un écrivain, un réalisateur… 

Il sait également quand, il faut laisser le rideau juste entrouvert, pour « Isabelle, Judith, Esther, Ginette… »

Pour lui aussi…

Puis, j’ai posé des questions à David. Les rêves… 

L’inconscient échappe t’il au camp ?

Et lui, comment repart-il après ces terribles récits ?

D’autres questions sont venues d’Hélène Vecchiali, de Gérard Netter, d’Hervé Weil, du public si nombreux.

Et cette impression de vouloir que cette soirée s’éternise… pour « Les filles », pour David Teboul, pour nous…

« Nous avons une dette, quand nous recevons le récit de l’autre »

Et quelle dette après le récit des *Filles de Birkenau* !