Chroniques

*le mont macaron*

Le lieu-dit ou *le mont macaron*

« Je comprendrais plus tard que l’amour que je portais à la rudesse de ce paysage était un cri intérieur, une douleur, celui de l’exil, et qu’inconsciemment j’attendais de reconnaître un lieu pour ne plus être un étranger sur terre. Je ne savais pas que cette garrigue deviendrait la terre effacée de mon enfance, mon lieu d’ancrage et qu’elle apaiserait ce quelque chose de perdu en moi. »*

Et Roger Aïm, dans *le mont macaron* nous raconte combien le mont macaron, n’est pas seulement un endroit géographique, mais un itinéraire. Les majuscules ont disparu…et le lieu devient un refuge où le temps fuyant et inflexible continue sa route.

Comme Julien Gracq, qu’il aime tant, Roger Aïm ne décrit pas seulement un paysage.  Il restitue l’écho des sensations, la vibration des instants, le murmure des herbes folles et ce délicieux d’un moment unique et qui ne reviendra plus.

Chaque pierre, chaque souffle de vent, chaque rayon de lumière devient un témoin et c’est dans cette lenteur contemplative que la mémoire et le paysage se répondent et que le souvenir se fait gardien du Temps.

Ici, écrire revient à retenir le monde et à se retenir soi-même dans le flux des jours.

« Lorsque la pensée jure devant le temps qui passe, il faut tendre la main aux souvenirs… » nous dit Roger Aïm. 

Et il ajoute comme habité encore : 

« Cette journée était proche du printemps… »

Roger Aïm, *le mont macaron*, Éditions  Infimes.

Chroniques

*Verso de l’ombre*

Philippe Colmant dans la chambre noire…

Il écrit « au noir lucide ». Et c’est sans doute là que tout commence, dans ce presque rien, dans cette chambre noire où l’absence développe ses négatifs. 

*Verso de l’ombre*, le dernier recueil de Philippe Colmant (Editions Le Coudrier), est une photographie du deuil, une traversée lente et lumineuse de la perte, à la fois intime et universelle.

Tout s’ouvre comme dans une camera obscura. Le noir d’abord, puis le geste d’écriture. Et enfin la lumière qui se risque à graver sur la paroi du cœur une silhouette, une ombre, un vestige :

« J’ai accroché ton vieux manteau / À la patère des jours lents… » 

D’un vers à l’autre, Philippe Colmant « développe » l’image du père disparu, non pour le retenir, mais pour l’atteindre   un peu encore, dans ce territoire incertain de la mémoire et de la disparition.

Il y a du Roland Barthes dans cette manière d’habiter la photographie du manque. 

Dans La Chambre claire, Barthes écrivait : « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois ». 

Le poète semble en reprendre l’écho.

Chaque poème fixe ce qui fuit, mais annonce aussi, que la lumière sitôt apparue, contient déjà sa perte.

« À quel baiser / Sourit la lune ? » demande-t-il, dans un souffle. 

Et la lumière passe, puis s’éteint. 

Le poème devient l’endroit même où l’absence respire. Le lieu de ce qui reste du souffle, du regard, du mot. 

*Verso de l’ombre*  se feuillette comme un album de famille, comme la dernière possibilité de se parler.

« Il restait tant à dire / Sur cet embarcadère… / Je t’ai laissé un mot / Au verso de ton ombre ».

Et tout au long du recueil, Philippe Colmant, poète et traducteur, travaille cette frontière trouble entre la langue et le silence. Traduire, c’est franchir un seuil. Écrire  le deuil, c’est traduire l’indicible. 

Et dans ce double geste, le poète interroge le temps : 

« La vie nous grandit / L’âge nous émiette… ». 

L’homme au bout des mots, se confronte à l’érosion, à la poussière, mais aussi à la lumière qui demeure.

Car s’il y a perte, il y a persistance. Si « le cœur claudique », comme Philippe Colmant l’avoue, il bat encore, obstinément…

« Toujours la même extase / Devant le ciel du soir / qui se couche en chantant… » 

et le poème ici relève de l’incantation, d’un refus doux et ferme de s’effacer.

Dans *Verso de l’ombre*, Philippe Colmant écrit contre la nuit, mais avec elle. Il interroge la mémoire, non celle qui enferme, mais celle qui éclaire. 

Chaque texte est une carte mémoire du cœur, un cliché tremblé, un portrait en creux. 

Et lorsque l’on referme le recueil, c’est un peu comme si on refermait  la chambre noire… avec ce rai de lumière qui filtre jusqu’à la « pellicule rétine »  des lecteurs que nous sommes.

Avant nous et après nous, Il y aura toujours une camera obscura où la grâce d’un poème sera fil de lumière 

Philippe Colmant, *Verso de l’ombre*, Éditions Le Coudrier.

Avec Joëlle Aubevert et les Éditions Le Editions Le Coudrier

Les photographies du recueil sont signées    Philippe Colmant

Chroniques

*La branche argentine*

Ce sont des lignes de mémoire. Des lignes traversées par les vivants et les morts. Des lignes « d’exilés ». Des lignes d’amour. 

Il y a une date. Celle du 7 octobre 2023.

Et Carole Zalberg a regardé son père qui oubliait et qui s’en allait de plus en plus dans un ailleurs…et « Marie » embarque sur les traces d’Ella, sa lointaine cousine, partie se réfugier à Buenos Aires en 1942.

Et elle, qui en 2018 avait écrit «Où vivre» (Grasset), a décidé de  savoir plus encore sur l’autre branche de la famille. La *Branche argentine*.

« Peut-on reconstruire sa vie, sur des ruines ? Que fait-on des fantômes qui nous habitent ? »

Un roman bouleversant comme tous les romans de Carole Zalberg. Un roman tissé de mémoire, d’exil mais aussi du questionnement permanent de ceux qui regardant en arrière se brûlent les yeux et qui en regardant devant sont pris d’un terrible vertige. 

Il y a pour moi une grande émotion à parler aujourd’hui de *La Branche argentine*. 

Car c’est un 4 octobre 2018 que j’avais chroniqué *Où vivre* (Grasset) et dedans ces mots :

« Et je te dirai, Anna, ma mère, que ta sœur et toi n’avez jamais été séparées, que nous tous, finalement, sur nos radeaux entraînés par le courant, vivons les heurts, malheurs et beautés d’une seule et même vie, enracinée dans la perte et tendue vers l’embellie »

Et aujourd’hui ces autres mots  dans *La Branche argentine* :

« Elle se relèvera. Bien sûr qu’elle se relèvera. Comme tant d’autres pourtant écrasés de chagrin. Mais quiconque l’a côtoyée ne reconnaîtra pas celle qu’elle est devenue, femme à peine vive, femme foudroyée et rétrécie que le présent désormais indiffère.»

Et Carole Zalberg continue et continuera d’écrire sur les siens, sur le terrible des trajectoires parfois, sur l’exil qui n’est pas la terre, mais surtout cette part de soi qu’il faut « réparer » à chaque fois. 

Elle porte en elle les brûlures de l’Histoire et le besoin d’horizon…et puis, il y a la Branche Corse. 

La Corse, « si généreuse en ciels splendides et changeants, ce lieu où entre tous, « Marie » vole des parenthèses de sérénité. La terre de Corse l’ancre sans l’entraver »

Depuis l’écriture de ce roman, le père tant aimé est parti pour toujours. Mais Carole Zalberg veille. Elle veille à ne rien oublier ou laisser oublier. 

Et puis dans sa famille, il y a  son oncle d’Israël, lui aussi parti trop tôt. Il « faisait écouter du Bach à ses roses. Elles lui étaient reconnaissantes. À en croire leur splendeur… »

Ce roman, je l’ai lu la main sur le cœur. Il y a tant dans les Branches familiales de Carole Zalberg que je retrouve un peu dans les miennes. 

Peut-être cet éparpillé de par le monde.

Peut-être  aussi cette splendide odeur de roses…

J’oubliais de dire la magnifique écriture de Carole Zalberg. Poétique et sonore. Les lignes se « serrent », se  « desserrent » selon le rivage. Selon les souvenirs. Selon l’émotion.

Carole Zalberg, *La Branche argentine*, Éditions Le Soir Venu

Blog-Notes de Alain Hoareau

*Satie*

*Satie*, Un roman pour un centenaire.

Un roman qui a pour titre *Satie*, on aurait presqu’envie de dire :  comme tous les romans pour paraphraser le compositeur qui disait : « je m’appelle Erik Satie comme tout le monde ». 

Patrick Roegiers, l’auteur du roman, lui écrit Satie comme personne. Ce qui n’est pas rien. Une biographie ? Me direz-vous. Satie en bon normand aurait pu répondre : peut-être bien que oui, peut-être bien que non. 

Mais non, bel et bien un roman. Mais oui une biographie, d’autant plus vraie qu’elle devient fictive. Imaginez Satie, Alphonse Allais, Claude Debussy, John Cage, Cocteau, Suzanne Valadon, pour ne citer que ceux-là, réunis dans une même pièce, dans un même temps. 

Une vrai *Parade* et on imagine l’oeil rieur du petit barbichu accroché à son parapluie.

Si Patrick Roegiers se permet ces grands écarts, totalement réussis d’ailleurs, ( on ne sent pas de résistance dans les tendons, comme on n’entend pas les os craquer ), c’est que Satie a, lui, réussi à faire  le grand pont avec les générations qui ont suivi. 

La révélation de la lenteur et du blanc musical, la révolution qu’a opérée le musicien d’Arcueil, aussi importante que celle d’un Stravinsky, ne furent pas des écueils. 

Aucune sécheresse dans ce roman, Patrick Rogiers comme un familier d’Eric Satie nous invite en sa compagnie. C’est du vivifiant, c’est du sensible, c’est de l’admiration qui se transmet et se ressent, une musique des mots qui aime la musique. Une histoire qui se compose, avec des époques qui se juxtaposent aussi nettes et précises que les juxtapositions mélodiques qu’affectionnait Eric Satie. 

Si Satie est l’auteur de *morceaux en forme de poire*, Patrick Rogiers a réussi un roman qui se déguste lentement comme un dessert en pomme de foire. 

Paru en 2025 aux Éditions Grasset,  *Satie* de Patrick Roegiers rend ainsi un hommage étonnant au compositeur décédé voilà cent ans, le premier juillet 1925.

Chroniques

*Les promesses orphelines*

« Qu’est-ce qui fait une vie réussie ?

C’est le refrain, la musique de fond qui habite *Les promesses orphelines*, le très beau livre de Gilles Marchand.

Il y a les personnages comme Gino, Roxane et d’autres…

Il y a le progrès qui se vit en direct comme l’homme qui marche sur la lune, et il y a des mots incroyables pour l’époque comme l’Aérotrain. 

Il y a le calendrier et l’horloge. Tous les deux scandent le Temps… 

Et il y a l’extraordinaire personnage de « la dame de l’institut français d’opinion publique » et son éternelle question sur le bonheur :

– Diriez-vous que vous êtes très heureux, assez heureux ou pas très heureux… ? 

Et tout au long de notre lecture nous cochons des cases. Comme pour participer à un sondage intime. Nous hésitons parfois devant la question…comme un arrêt de mémoire et peut-être pour ne pas cocher la case sans retour possible. Un arrêt comme pour s’accorder un sursis…

Ne pas trancher trop vite sur les questions vitales 

– Avez-vous réussi votre vie ou avez vous été heureux et ses possibles…

Certes, je mets beaucoup  « d’il y a », mais encore un :  il y a même la boule de neige. Vite vite la faire bouger pour sourire…

Etre submergé soudain par les souvenirs, la nostalgie, mais la vie est belle et le progrès en cours toujours. Monsieur Jean Bertin l’a dit… 

*Les promesses orphelines* est un livre merveilleux. Poétique, drôle, vivant, chantant et cette pointe de léger regret, quand on se dit qu’un rien (un grand rien) nous rendait heureux…

Gilles Marchand, *Les promesses orohelines*, Aux Forges de Vulcain

Interviews

L’escale de Jeanne avec Anne Bouxin

« On ne se console pas des chagrins, on s’en distrait. »

C’est avec cette phrase de Stendhal que l’on pourrait ouvrir cette Escale de Jeanne avec Anne Bouxin.

Elle écrit, elle est mannequin et elle appartient à cette génération des grands orphelins. Ceux qui ont été aimés et qui perdent tard leurs parents.

Mais elle raconte sans s’attarder. Pudique Anne Bouxin. Très .

Sa vie intime a connu une tempête, elle en parle presque sous X…

Mais Anne Bouxin préfère sourire, déplacer le projecteur, cultiver la légèreté comme une discipline.

Elle est drôle, inattendue…

L’escale lui ressemble. 

On navigue entre confidences esquissées et rires…

Un fond de bruit…mais nous sommes si bien accueillis. 

Et puis, il y a une vedette : Oups

Rencontres Littéraires et Autres

Entre deux langues ma voix

Les mots migrateurs…

« Les mots, comme les êtres et les groupes humains, voyagent, se déplacent, émigrent et immigrent, avec des fortunes diverses. Ils appartiennent à l’espèce immense des SIGNES, ces réalités physiques qui donnent aux humains accès au réel et à l’imaginaire, au concret et à l’abstrait, à la matière et à l’Esprit… » (Alain Rey).

À cette réflexion lumineuse s’ajoute peut-être une évidence…La traduction n’est rien d’autre que l’un de ces voyages.

Trois traducteurs passeurs racontent les mots migrateurs. C’est « fort », jubilatoire, bouleversant, drôle. 

C’était le 16 septembre 2025, chez Anne Ghisoli et son équipe à la Librairie Gallimard Paris, un Fil de MémoireS de Jeanne Orient.

*Entre deux langues, ma voix*

Claro, Editions Inculte, Françoise Morvan et André Markowicz, Editions Mesures, traducteurs écrivains racontent dans cette captation leur (s) métier (s), leur (s) passions et puis beaucoup d’inattendus et d’humour…

Chroniques

*Tremblements de ciel*

Écrire pour avoir  « lieu »…

[…] Je n’ai pas eu d’enfants.

Je ne laisserai rien.

Ma vie sera pareille à l’éclair.

Les fleurs sur ma tombe faneront en une semaine.

Et le premier vent effacera tous mes pas […]

Jean-Christophe Galiègue écrit depuis le manque, depuis cette béance d’où rien ne répond. 

*Tremblements de ciel* est un recueil de solitude. Pas  de lignées, pas de « siens ». Et pourtant sa parole retentit gorgée de tant d’illusions :

[…] Comment dire le temps suspendu 

Les battements d’ailes

Les veines farouches

Le cœur en flammes

La peau la neige

Le bleu de l’air

Les remparts de lumière

L’ombre portée

Le rouge de vivre […]

Mais il est tard. Ou alors plus assez tôt. Et entre ce qui est et ce qui reste, tout tient sur un fil. Peut-être un instant de présence encore, une parole arrachée à l’éphémère, un éclat de rire avant le grand silence. 

Jean-Paul Galiègue est lucide. Il ne promet rien. Ni à ses lecteurs, ni à lui-même.

Tel un sismographe, il continue jusqu’au bout d’enregistrer les secousses. Toutes les secousses. Celles de l’amour qui échappe, de la lumière qui s’efface et de la vie qui tremble toujours au bord de sa disparition.

Écrire devient alors sa seule appartenance, sa seule famille. Chaque mot trace une fragile lignée de papier, un ciel traversé de failles mais habité quand même. 

Et c’est là précisément que le poème  trouve sa force. C’est là qu’il fait tenir debout un homme seul sous un ciel instable.

[…] Le noir d’écrire

Le temps

Qui se regarde et s’imagine

Un bout de ciel

Pris dans le vent 

Posé là […]

Et dans chaque tremblement, cet homme seul nous offre « La forge des mots ». 

Ceux qui font tenir…

Jean-Christophe Galiègue, *Tremblements de ciel*,

Chroniques

*Gunks*

Gunks* ou l’insouciance en paroi 

C’était le temps de l’insouciance, de l’escalade libre, d’une joie de vivre où le principe de précaution n’était pas encore « harnais ». 

Ils ont pour royaume une falaise, pour maison un van improbable, pour horizon leur jeunesse.

Le matériel ? Des cordes un peu fatiguées, quelques sangles et …de quoi grimper sans trop se poser de questions. 

Pas de principe de précaution en « harnais ». L’époque le permettait…

Nous sommes au début des années 80. Méduz le narrateur, Manuel et Claire traversent l’Atlantique pour se mesurer aux falaises mythiques des Gunks.

Qui sont ces trois jeunes gens, dont deux bons grimpeurs, Claire et Manuel et le troisième  Méduz qui l’est un peu moins, mais qui a de bonnes raisons d’y aller :

– Je me demande pourquoi je me retrouve là avec ce très bon grimpeur et cette excellente grimpeuse, et je tente de me convaincre qu’il y a trois bonnes raisons à cela. Primo, Manuel est mon super copain, on s’entraîne ensemble depuis longtemps, et on rêve de ce voyage depuis un bail ; secundo, je parle anglais ; tertio, mais un tertio qui est peut-être un primo, Claire est ma petite copine – enfin, je crois.»

Et puis il y a ce : [in carnets de Claire ]

Il y a toutes les rencontres là-bas. Les modes de grimpe, de vie que l’on compare. Gunks-France. 

Et puis Todd… l’accident… une déflagration dans ces instants où rien ne « pouvait arriver »

Et tout le livre nous projette dans cette époque insouciante. Nous y avions laissé aussi de terribles déflagrations nommées Todd. Mais nous avons oublié… 

Et nous lisons avec ce petit sourire aux lèvres et peut-être, pour ceux qui ont connu ce temps, un petit clapotis dans les yeux.

Et puis, après avoir ri, s’être émus, avoir un peu comparé avec ses « Gunks » à soi, c’est la fin du  livre. La gorge se serre. C’est comme un dernier jour de vacances. C’est comme un été qui ne reviendra pas.

Le trio est mélancolique et nous aussi.

*Gunks* de Nicolas Richard, c’est aussi l’écriture. C’est l’atmosphère que dégage cette écriture qui fore et dans la falaise et dans notre mémoire. Nicolas Richard est traducteur. Le corps à corps avec les mots, il connaît. 

Nous sommes conquis dès le début. Et nous « sommes dedans » dès le début. On grimpe avec eux, on rit de leurs manques, de leurs vertiges, des yeux qui s’accrochent…

On respire la liberté des années 80. 

Et cette couverture acidulée, colorée, qui penche joyeuse.

Un van jaune, une silhouette avec une chemise, à la Antoine le chanteur, danse.  

Et dans le fouillis, la promesse de toute une aventure.

Ce livre, je l’ai « rencontré » par hasard, cet été. J’aime beaucoup quand c’est un lecteur ou une rumeur qui « rapporte » un livre. 

Devant la mer, une dame lisait avec un sourire au bord des lèvres. Intriguée, je lui ai demandé ce qu’elle lisait. Elle a levé son livre et m’a montré la couverture. Dans son regard, tout le souvenir de sa propre insouciance.

Alors j’ai su que je voulais ce livre. Que je voulais ce glossaire de la grimpe :

– Friends : coinceurs mécaniques qu’on glisse dans les fissures, baptisés ainsi parce qu’ils sont, vraiment, des amis.

– Monodoigt : trou dans la roche où l’on ne peut loger qu’un doigt. Cruel, mais nécessaire.

Je voulais surtout, à mon tour, « Grimper pour rien. »

C’est une phrase du livre. Elle mène aux sommets… même quand on est nulle comme moi en escalade.

Même quand comme certains ici, n’ont pas connu ce temps insouciant de l’époque. 

Allez-y ! Plaquez-vous contre la paroi ! C’est une roche « miraculeuse »

Nicolas Richard, *Gunks, Chronique du temps insouciant*, Editions Arthaud

 Magnifiques photographies d’ Olivier Martin Gambier

Interviews

L’escale de Jeanne avec Agnès Clancier

Agnès Clancier est une femme en urgence. Elle écrit. Elle traverse le monde. Elle écrit encore et elle re traverse le monde.

Les terres lointaines, les aventurières comme l’aviatrice et résistante  Maryse Bastié, la fascinent. 

Mais il faut écouter Agnès, la voir rire, réfléchir, tenter de poser le mot juste, d’expliquer pour nous, pour elle…et soudain sourire, s’attendrir…

Un nom comme une ancre… Karina

Sokolova. Sa fille adoptée. Agnès Clancier  a écrit un livre avec pour titre : Karina Sokolova. C’est comme un album photos. Un livret de famille. Et quand Karina lui a demandé :

– Pourquoi tu m’as adoptée ?

Juste ces mots :

« Parce que tu n’avais pas de maman… et que je n’avais pas de petite fille » 

Une phrase « absolue », une épiphanie.

Merci au Restaurant Les Éditeurs de nous avoir reçues.