2025-1875= 150…. Ah les anniversaires ! On en parle, on en parlera et si c’est pour la bonne cause, tant mieux. Carmen est là, sera toujours là, ( voir ma publication du 03/12/2024), on ne peut que se réjouir.
Mais de grâce qu’on ne fasse pas d’elle la passionaria des féminicides, au sens où notre époque l’entend.
Pour ma part, au risque de me faire beaucoup d’ennemi(e)s, je ne franchirai pas le pas et continuerai à penser que le génie d’un auteur ne devrait pas servir aux causes qui n’étaient pas les siennes, fussent-elles les meilleures comme c’est le cas pour celle-ci. Bizet a déjà subi l’échec de son opéra à sa création, ne lui infligeons pas, 150 ans plus tard, le camouflet d’un détournement de sa pensée.
Mais Bizet ce n’est pas seulement Carmen. Beaucoup d’autres oeuvres. De l’alimentaire, beaucoup d’alimentaire qui l’usait énormément. La vie d’un créateur n’est pas qu’un long fleuve tranquille.
Mais pas uniquement de l’alimentaire.
Prenons le temps d’écouter sa première symphonie en Ut, prenons le temps ( pour les plus pressés) de son deuxième mouvement avec son merveilleux solo de hautbois. Oeuvre d’un jeune homme de 17 ans. Tout l’art de l’orchestre qu’on retrouvera plus tard dans Carmen, et tout l’art du chant.
Et puis même dans ce qu’il considérait comme « l’alimentaire », subtilités et finesses sont toujours présentes.
On découvrira aussi un Bizet à la recherche d’une certaine « authenticité », oh, pas une vérité musicologique scientifique, mais tout de même une belle approche des styles et des expressions. L’arlésienne bien sûr et ses emprunts à la tradition provençale, Carmen et son hispanisme effleuré, mais également la belle tradition du piano romantique des *chants du Rhin* ( dont je vous conseille la version de Jean-Marc Luisada, enregistrement dans lequel il met en miroir les nocturnes de Fauré)
Ecoutons aussi les *feuilles d’album* , mélodies sur des poèmes de Hugo, Ronsard, Musset etc…
Écoutons *Guitare* de Victor Hugo avec son rythme de boléro, où l’on croirait entendre une vraie guitare rythmique dans la partie piano d’accompagnement. Une partition à mon sens beaucoup plus intéressante que celle d’un certain Franz Liszt sur le même texte.
Musique typiquement française, mais quels voyages sonores pour un homme qui aura eu une vie si brève, et n’aura franchi les frontières de l’hexagone que pour le court séjour italien à l’occasion du Prix de Rome.
En lien, *Adieux de l’hôtesse arabe* Poème de Victor Hugo, Musique Georges Bizet.