C’est un paradoxe : plus le nombre de lecteurs semble à la baisse, plus le nombre de livres édités augmente.
Est-ce les derniers soubresauts d’une activité sur le point de s’éteindre ?
Est-ce une technique commerciale de la dernière chance ? Mystère.
Ce qui est sûr, c’est que cela en devient rébarbatif pour le lecteur aussi.
Il y a les têtes de gondoles ( qui ne vous amènent pas forcément à Venise) , il y a les amis ( à qui ont pourrait donner sa chemise) et puis un vaste territoire inconnu et mouvant ( peut-être émouvant mais comment le savoir)
Écrire un article sur les réseaux cela va très vite, le lire encore plus vite, l’oublier plus encore…
Écrire un livre cela prend du temps, le publier aussi, le lire également, quant à l’oublier, cela dépendra du temps que l’on aura réellement pris pour tout cela.
Un livre c’est le temps long. Pourtant à peine entré en scène, il ne lui reste déjà que peu de temps à vivre. Le petit nouveau arrive qui le pousse vers la sortie. Dans l’expression « untel a sorti un livre cette semaine » le mot « sortir » sonne d’emblée comme un funeste présage.
Alors ce temps il faudrait arriver à le prendre, ce temps du vécu, ce temps de la pensée, ce temps du dire et du faire, ce temps de la mémoire, car plus encore que le temps long, un livre c’est de la mémoire.
Il serait bien dommage que la mémoire soit la grande oubliée de notre époque.