Écrire pour avoir « lieu »…
[…] Je n’ai pas eu d’enfants.
Je ne laisserai rien.
Ma vie sera pareille à l’éclair.
Les fleurs sur ma tombe faneront en une semaine.
Et le premier vent effacera tous mes pas […]
Jean-Christophe Galiègue écrit depuis le manque, depuis cette béance d’où rien ne répond.
*Tremblements de ciel* est un recueil de solitude. Pas de lignées, pas de « siens ». Et pourtant sa parole retentit gorgée de tant d’illusions :
[…] Comment dire le temps suspendu
Les battements d’ailes
Les veines farouches
Le cœur en flammes
La peau la neige
Le bleu de l’air
Les remparts de lumière
L’ombre portée
Le rouge de vivre […]
Mais il est tard. Ou alors plus assez tôt. Et entre ce qui est et ce qui reste, tout tient sur un fil. Peut-être un instant de présence encore, une parole arrachée à l’éphémère, un éclat de rire avant le grand silence.
Jean-Paul Galiègue est lucide. Il ne promet rien. Ni à ses lecteurs, ni à lui-même.
Tel un sismographe, il continue jusqu’au bout d’enregistrer les secousses. Toutes les secousses. Celles de l’amour qui échappe, de la lumière qui s’efface et de la vie qui tremble toujours au bord de sa disparition.
Écrire devient alors sa seule appartenance, sa seule famille. Chaque mot trace une fragile lignée de papier, un ciel traversé de failles mais habité quand même.
Et c’est là précisément que le poème trouve sa force. C’est là qu’il fait tenir debout un homme seul sous un ciel instable.
[…] Le noir d’écrire
Le temps
Qui se regarde et s’imagine
Un bout de ciel
Pris dans le vent
Posé là […]
Et dans chaque tremblement, cet homme seul nous offre « La forge des mots ».
Ceux qui font tenir…
Jean-Christophe Galiègue, *Tremblements de ciel*,