Chroniques

*Poudre de plomb*, un éclat dans la tempe…

« …Il n’y avait pas que toi dans la famille qui était fragile. Le monde de grands dans lequel nous avons grandi, était traversé de névroses qui agrégeaient aux talents intellectuels et artistiques, de graves carences identitaires. Alors, comme dans bien des familles françaises, ça buvait sec pendant les repas, mais pas que du très bon vin. Nous étions de sangs mêlés et de nationalités rassemblées. Il y avait aussi des alcools d’origines variées qui semblaient apporter la joie et les rires nécessaires à l’équilibre de ces adultes instables. J’ai traversé cette enfance en prenant l’habitude de voir les adultes compenser une espèce de vide intérieur. Toi et moi, nous posions un regard sans concession sur ces parents qui étaient censés nous sécuriser, nous protéger.Leurs transgressions nous autorisaient à les observer avec une pointe de cynisme candide, sans que nous ayons conscience des blessures que leurs inconséquences provoquaient à l’intérieur de nous… »

J’avais lu *La retenue* (éditions des femmes-Antoinette Fouque) de Corinne Grandemange Auteure.

J’avais lu entre les lignes… *La retenue* était de mise. C’était…le titre.

Dans *Poudre de Plomb* (Avallon et Co), Corinne Grandemange dit beaucoup. 

La retenue n’est plus vraiment de mise. Marie, la cousine tant aimée est morte de cette éducation « libre », ce non engagement des parents. 

Bien sûr, il y a toujours l’amour. Il frôle l’inconscience parfois. Il devient même sans « frontière ».

Les récits  de Corinne Grandemange sont d’une rare intensité. Peut-être les lourds et terribles secrets de famille. Peut-être les terribles silences qui se transmettent  de génération en génération. 

J’ai posé *Poudre de plomb* près de moi, sur un banc. Dans ce jardin où je suis en cette belle journée de printemps, des enfants jouent entourés d’adultes.

Le cœur lourd, je n’ai pu m’empêcher de penser combien d’entre eux souffrent à mon insu de silence, de secrets, de famille présentes/absentes et déstructurées. 

J’ai regardé à nouveau ce livre d’un bleu dérangeant et j’ai pensé à Corinne, à ses combats, à sa retenue, à sa façon aujourd’hui de raconter « Marie », de se raconter elle-même, un peu plus.

Et me sont revenus  ces mots magnifiques de Kenneth White :

– Pendant qu’ils sont tous occupés à leur plan d’avenir, à leurs bruyantes gesticulations sur la scène, je me tiens à l’écart sur mes hauteurs, tout seul, battant du vieux tambour de chaman…

Corinne Grandemange, *Poudre de plomb*,

Editions  Avallon & Co

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