Vol de nuit…

Dans *Crever la nuit*, Philippe Colmant sculpte son insomnie. Elle porte un constat. Une attente. Des heures.

 L’écriture serrée, tendue comme une montre qui bat trop fort dans le silence. Les heures s’étirent, et avec elles, le vide. 

Le “je” et le “tu” essaient de combler le manque du “nous”, cette absence centrale qui pulse dans chaque page.

Tout commence à 21h06 et déjà l’aveu :

– Quelqu’un a renversé la nuit…

– Cent mètres carrés de solitude, c’est beaucoup. C’est trop.

Une robe bleu nuit traverse le livre comme un fantôme, vêtement de l’autre, de l’amour parti ou défait. 

Et le temps devient matière. 

La nuit, interminable est ici personnage principal, muse sombre d’heures scandées.

Philippe Colmant cisèle des phrases d’urgence dans une lenteur imposée. Chaque mot est pesé, chaque silence entendu. Les illustrations, sombres, épaississent encore cette “œuvre au noir”, ajoutant  à l’asphyxie ambiante.

L’insomnie n’est pas juste une veille, un manque à dormir. C’est une vie qui défile. 

La lampe allumée pour ne pas rester seul dans le noir. 

Mais la confidence tombe :

-Ton absence me noie…

Et  Philippe Colmant sculpte cette nuit, l’illustre de dessins… 

*Crever la nuit* est son « œuvre au noir ».

Nous saurons que :

– Quatre messages sont restés sans réponse…

Nous lirons également  :

– La paume de l’espoir me tend un embryon de poème…

Nous ne dirons pas plus. 

Ou alors peut-être un indice temps :

– L’aube se lève. Il est 6h33…

Philippe Colmant, *Crever la nuit*, Editions Le Coudrier (Collection Coudraie)

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