Une Escale (avec le concours d’Alain Alain Hoareau) en couleurs, en émotions, une Escale dans un atelier :
Chez Tylek et Tylecek. Lui nous a quittés et elle continue de peindre, de se rappeler, d’avancer et de « voyager » entre Paris et Prague. Prague et Paris.
Il faut écouter Zdenka Tylecek nous raconter la vie en couleurs…
Nous avions 15 mn pour parler de l’arrivée en France.
Les trains de Roumanie s’arrêtent en Gare de l’Est. Et Dan Burcea n’oubliera jamais la Gare de l’Est
On arrive dit-il et on regarde devant…
La route de l’exil, la gratitude toujours envers le pays d’accueil.
Les langues et la beauté de chacune, l’émotion de voir les mots se « rencontrer ».
La critique littéraire et combien il faut être humble et aller dans le mystère de l’auteur lui-même pour offrir cadeau au lecteur…
15 mn c’est si peu… et 15 mn c’est parfois beaucoup quand on entend l’autre dire dans sa langue maternelle, un magnifique poème et puis le traduire « en live » et puis, toujours ému, repartir vers la langue natale et dire encore et sourire et se laisser submerger.
« …L’estampe monotype c’est un tirage unique, irrépétable, ce qui donne à l’œuvre une qualité précieuse, presque vivante…”
Et une jeune femme entre en mouvement. Elle prend le risque de « l’accident ». Elle sait que ce sera un jet unique. Irréparable…irréparable… merveilleux
Et c’est un effeuillé de gestes, de couleurs, de passion, de solitude, de présence au monde
Cette jeune femme, c’est Florence Crinquand.
Florence et l’estampe monotype. La gestuelle, sa façon de s’absenter à tout quand elle travaille.
Florence Crinquand et l’atelier… *Les doigts dans la presse*
Et l’on apprend le papier Japon, le gris de peine, les couleurs…
Calme, frondeuse, souriante, tranquille, passionnée, une jeune femme talentueuse déplie un froissé de papier noble, de frémissements, de créativité…
Une Escale hors zone, entre absence et présence née une œuvre
« Trois petites notes de musique ont plié boutique au creux du souvenir
C’en est fini de leur tapage, elles tournent la page et vont s’endormir »
Et elle a tourné la page Stéphanie Cals. La page d’avant, celle du temps où elle était avocate…
Une jeune femme avec un regard à hauteur d’espoir semble à la fois traverser une zone blanche, mais aussi tournoyer heureuse…
Elle déroule les carnets nomades de celles qui une fois parties, ne cessent jamais de partir.
Trop longtemps assignée au silence d’une vie « rangée », elle se dénonce elle-même dans ses mots, ses photos, cet idéal parfois impossible mais qu’elle aime à imaginer.
Elle se taillade des petites coupures dans le cœur à chaque fois de trop où le soir tombe vite.
Et puis, elle se réenchante. Un projet, une promesse, un clair de lune…
Elle est même partie faire le tour du monde . À la recherche de quoi… d’elle-même peut-être.
Aujourd’hui, elle écrit, prend des photos et avant tout, elle vibre sur scène… Comédienne, car c’est également son métier.
C’est peut-être le seul métier qui lui permet d’être plusieurs.
Elle a besoin de cette pluralité…
Elle a également une Société de « Coaching » et accompagne en formatrice et conférencière des personnes qui ont besoin de se sentir plus adaptés à un métier, une situation, autre…
Habitée d’urgence Stéphanie Cals? Probablement. Des terres lointaines l’habitent encore ? Certainement.
Mais… parait-il, quand elle cuisine Stéphanie, elle met de la musique et elle chante…
«Sur l’eau tranquille de la transparence…patientent les orages / tant d’ardeur inavouée / et l’on entend battre / les pas lointains / de nos émeutes intérieures… »
Martine Rouhart raconte en poèmes, les petits naufrages du quotidien et les rais de lumière nécessaires pour repartir, pour être présent au monde… comme une ode à cette vie belle…
Elle a des phrases courtes, comme des éclats.
C’est une Escale délicate, feutrée, profonde :
– Laisse les phrases / reprendre haleine / osciller dans leur incertitude / entre douceur / et inquiétude…
Et le jour succède à la nuit et Maela Paul, mon invitée de cette Escale de Jeanne à distance confie avoir traversé des déluges… Toujours avec pudeur et grâce. Les mots les plus denses sont « éclairés ».
Le phare est en soi…
Maëla est docteure en sciences de l’éducation. Ses travaux portent sur le concept d’accompagnement dans les domaines de la formation, de l’intervention sociale et de l’éducation.
Elle a écrit plusieurs ouvrages….
La rupture, l’amour, la vie revenue tiennent grande place dans ses livres
Et toute cette éducation « verticale » qui nous est donnée :
« Nous, les humains, nous avons tellement de peine à nous mettre en mouvement que nous avons inventé le vouloir et même le bon vouloir ! Cela concourt sans doute à nous offrir l’illusion de penser gouverner notre vie… »
Et il faut l’écouter chanter, émue, *La chanson de Prévert* (V. Serge Gainsbourg)
« On rêve sur un poème, comme on rêve sur un être » (Paul Eluard)
Une escale joyeuse, rieuse, tonique, romantique et puis… quelques fêlures mais toujours un « recours au poème » et aux poètes pour aller mieux, pour aller bien …
À la prière également…
Marie-Gabrielle Maistre est une passionnée… Elle enseigne la littérature, comme un « viatique ».
Et puis, il y a l’amour ! Trois personnages féminins : Amandine, Jeanne et Apolline « attendent leur histoire comme un voilier attend le vent »
Ce sera entre la Savoie et le Japon.
Ce sera dans *Les noisettes vertes* aux Éditions La Fontaine de Siloé
À chacun de nous ses paysages, ses estampes japonaises, ses fleurs de cerisiers et son grand blanc…
«Clotilde sourit. Elle aime quand les éléments se déchaînent, quand leur violence transfigure le monde et le réinvente. Elle ne sait pas, elle ne peut pas savoir, qu’en ce moment même, en dépit du vent, en dépit de la grele, une femme qu’elle ne connaît pas et un homme qu’elle connaît trop courent vers elle… »*
Elisabeth Laureau-Daull est philosophe, Professeur de philo. Elle a écrit plusieurs livres dont un livre sur Socrate (Éditions du Sonneur) et ici La Mijaurée d’Auguste C. (Éditions Diabase)
Auguste C., c’est Auguste Comte. C’est l’histoire des deux femmes Caroline Massin, son épouse dont il a été dit beaucoup de mal. Et Clotilde de Vaux, dont il a été amoureux fou. La muse…
Elisabeth Laureau-Daull voulait absolument réhabiliter Caroline Massin.
Elle souhaitait également faire « rencontrer » ces deux femmes qui ne se sont jamais rencontrées dans la vraie vie.
Auguste Comte le grand maître du positivisme…
Une Escale en terre de profond savoir, de grande simplicité également. Elisabeth Laureau-Daull a le talent de dire très simplement les choses graves et profondes.
C’est un roman féministe. C’est aussi d’autres sujets qui ont été abordés au fur et à mesure de l’Escale.
Une Escale émouvante en terre de grande intelligence et savoir.
Merci aux Restaurant Les Éditeurs qui nous a reçus.
Alain Hoareau était en soutien comme l’a dit Elisabeth.
Et puis des surprises tout au long de l’Escale ainsi ce théâtre de l’Ile Saint-Louis et une affiche portant le nom de Boris Vian et de l’époux d’Elisabeth Philippe Laureau. J’ai reçu en cadeau cette affiche et j’en reste très émue.